Il aura fallu attendre l’année 2001 avec l’exposition Souvenirs de rivages inaugurée au musée de Dunkerque, prolongée au musée de la Marine, pour que ces traces du tourisme balnéaire endossent enfin le statut « d’art modeste ».

Durant des décennies, les souvenirs sont classés au rang de reliques, mais en aucun cas au rang de supports de mémoire. Ils valaient plus par l’investissement affectif de l’acheteur que par le savoir-faire de leur création, fruit d’une fabrication semi-industrielle. Que sont-ils, ces objets au charme suranné ? Pour la grande majorité d’entre eux, ils s’inspirent de la vie maritime du littoral avec un net penchant pour les côtes de la mer du Nord et de l’Atlantique.

À juste titre, par son aura, sa majesté, le phare de Cordouan ne pouvait échapper à cette vogue du souvenir de bords de mer décliné dans toutes les matières, sous toutes ses formes. Ce n’est pas par hasard si toutes les représentations du « phare des rois » l’illustrent à marée basse. C’est à l’heure où le peyrat se découvre que le touriste a la possibilité d’y accéder en débarquant depuis les vedettes de Royan. Si les fabricants de souvenirs se sont emparés de son image en la déclinant sur des supports en porcelaine, cendriers, porte-savons, veilleuses, la célèbre faïencerie Creil & Montereau a édité un imposant plat figurant Cordouan à la fin du XIXe siècle. Quant aux nombreux tableaux peints très souvent pas des mains anonymes, eux aussi témoignent de sa majesté à marée basse.