En juillet 1823, Fresnel installe le premier appareil à lentilles à échelons au phare de Cordouan. Il lui a fallu trois ans presque jour pour jour pour passer du stade de l’idée à la réalisation finale. L’optique qu’il établit ce jour là est composée d’un tambour octogonal central muni de huit lentilles à échelons de 0,90 cm de focale. Au bas de l’ensemble, il installe des couronnes de miroirs métalliques chargées de renvoyer les rayons extrêmes vers la mer. Au sommet, il place huit petites lentilles à échelons qui reprennent les rayons supérieurs pour les renvoyer sur des miroirs dirigés vers l’horizon. L’apparence en mer de cette première optique de Cordouan est donc celle d’un point lumineux permanent augmenté toutes les minutes d’un éclat plus brillant qui dure quelques secondes puis s’estompe. L’optique en verre est maintenue par une armature métallique disposée autour d’un axe de rotation. Une horloge à poids défilant munie d’un échappement à boule régule la rotation du feu. Le gardien est ainsi obligé de remonter l’appareil chaque jour. Au centre de l’optique, on trouve une autre innovation importante : une lampe de phare munie de 5 mèches. En effet, pour augmenter la puissance du signal, il convient aussi d'accroître la force de la lampe. Fresnel utilise alors le principe des mèches cylindriques d’Argand qu’il améliore en les emmanchant les unes dans les autres (de 2 à 5). Enfin, pour empêcher que la chaleur ne détruise les soudures, il pompe de l’huile végétale en excès à l’aide d’un petit mécanisme d’horlogerie inventé par Bertrand Guillaume Carcel en 1800.