Parmi les bustes des appartements du Roi à Cordouan, un homme à la chevelure ondulée côtoie le physicien Fresnel, l'hydrographe Beautemps-Beaupré et l'ingénieur Léon Bourdelles. Il s'agit de Léonce Reynaud (1803-1880), architecte, ingénieur des Ponts et directeur du service des phares. Après la réussite de son chantier des Héaux-de-Bréhat (1840), Reynaud succède à Léonor Fresnel au secrétariat de la Commission des phares. Pendant une quarantaine d'années, il va conduire la politique d'éclairage des côtes de France dans une période d'intense construction.

Reynaud réforme l’architecture des phares en accordant une attention particulière au logement des gardiens, dans les grandes tours comme dans les plus modestes maisons-phares.

Féru d'histoire de l'architecture, Reynaud admire profondément Cordouan, auquel il consacre de longs développements dans son Traité d'architecture (1858) et son Mémoire sur l'éclairage et le balisage des Côtes de France (1864). Deux ans après le classement du phare Monument Historique, Reynaud écrit : « De tous les monuments qui sont aujourd’hui consacrés à l’éclairage maritime, Cordouan est le plus remarquable par l’ampleur de ses dispositions et la richesse de son ornementation ».

Reynaud indique ensuite que la période dans laquelle il construit ne lui permet pas un tel luxe. Les phares du XIXe siècle sont des œuvres d'utilité publique, simples et robustes, sans fioriture. Sans doute l'architecte moderne envie-t-il son prédécesseur Louis de Foix...